Farida Benlyazid, cinéaste emblématique associée dans l’œuvre de valorisation patrimoniale par Dounia Productions

Hassan Alaoui

C’est à un prodigieux et laborieux travail de restitution mémorielle que se livre la société Dounia productions, dans une quête de valorisation des richesses et des potentialités du Maroc. Sur des thèmes de patrimoine, d’histoire, de mémoire comme aussi relevant du présent et même de l’avenir, tous sujets englobant les secteurs d’activités du pays et des vocations diverses. La culture, l’art, l’industrie cinématographique et autres.

Dans sa quête de faire découvrir et connaître des pans entiers de notre patrimoine multidimensionnel, le groupe Dounia Productions mobilise pendant des semaines si nécessaires des équipes à la recherche de nos fondamentaux, de témoignages vivants et directs aussi. C’est ainsi qu’une de ses équipes s’apprête à entreprendre à partir du 5 juin de nouveau le voyage de découverte de l’architecture marocaine des kasbahs, des greniers, des douars et ksours dans plusieurs régions du Royaumes, accompagnés d’archéologues et d’architectes. Une sorte de voyage ethnographique où s’alimente une curiosité et pèse le devoir d’information et de transmission.

« Dounia productions », tout à sa méritoire de mettre en valeur le patrimoine culturel du Royaume du Maroc, continue sur la même lancée des années quatre-vingt-dix, lorsque sa présidente fondatrice, Dounia Benjelloun, l’avait créée. Comme son nom l’indique, elle porte une double signification : l’engagement personnel et le champ de la création, notamment au niveau de tout ce qui est venu après constituer la connaissance dans le cinéma, les documentaires, le récit, les témoignages, le reportage filmé, les courts et longs métrage et d’une manière générale la production médiatique.

On pourrait dire en effet que « Dounia productions » est l’incarnation d’une personne et d’une vocation. Comme aussi l’une des premières « maisons » dans le domaine. Elle s’illustre dans la valorisation du patrimoine au très large spectre : le cinéma en l’occurrence, qui lui a consacré au Festival de Cannes en 2013 le prestigieux Prix Gold Winner, de la Caméra d’or du festival de l’international film et vidéo, récompensant le fabuleux travail sur les musiques et danses amazighes. La réalisatrice de toutes ces productions n’est autre que Farida Benlyazid, grande cinéaste qui marque encore la scène cinématographique marocaine et bien au-delà de nos frontières.

« L’association », en fait la profonde amitié qui lie Dounia Benjelloun à Farida Benlyazid illustre une belle convergence sur fond d’une volonté partagée de mettre leur talent au service de la diffusion du savoir marocain et de la pédagogie. Dounia productions demeure mobilisée dans cette belle aventure qui est au Royaume du Maroc ce que la valorisation patrimoniale est à l’histoire d’une nation, plus que millénaire. Et la mission confiée dans ce sens à Farida Benlyazid est d’autant plus significative qu’elle incarne le professionnalisme, la très reconnue et longue et expérience dans la réalisation cinématographique, une érudition admirable et l’attachement aux valeurs de son pays. Tangéroise entre autres, mais cosmopolite, elle met son art au service de son pays.

La collection réalisée ces dernières années dans le cadre de la Fondation Leila Mezian Benjelloun constitue un fonds inégalé, un véritable trésor, d’autant plus remarquable qu’il provient – une fois n’est pas coutume – d’une initiative privée. Une production de thèmes, des reportages portant sur des thématiques qui sont au cœur de nos terreaux ruraux, une plongée dans les campagnes et la vie de leurs habitants, vaste quête identitaire que ne dédaignerait pas de traiter un Claude Levi-Strauss, l’exploration du terroir marocain, enfoui et enraciné dans ses traditions : socio-culturelles, économiques, anthropologiques, musicales, psychologiques et autres.

Une série de films ont été réalisés sur le Moyen Atlas, le Haut Atlas, le Souss, l’Oriental, le Rif et les confins du Sahara, des albums ensuite réunis en coffrets – hauts en couleurs et forts en contenus – qui illustrent une profonde diversité de ce Maroc profond. Ils sont assemblés dans des vidéos, portant des intitulés, magnifiquement illustrés et, nous offrant un véritable contenu pédagogique : « Musiques et danses amazighes », avec cinq vidéos qui sont un joyau sur les femmes, les petits maestros, les vallées en fleurs, la musique amazighe d’hier et d’aujourd’hui  et une partie consacrée à la danse. Le coffret de cinq vidéos sur le Haut Atlas est aussi l’exemple d’un travail de haut intérêt, effectué pendant plusieurs semaines de reportages et d’écriture. Farida Benlyazid s’y est donnée, certes à cœur joie, mais avec la passion et la rigueur qui la caractérisent.

Cette présentation sur le monumental travail de plusieurs années, serait incomplète, incongrue même si l’on n’y ajoutait pas l’autre importante dimension : les réalisations scolaires de la Fondation BMCE Bank, présidée par Dr. Leila Mezian Benjelloun, ces dizaines d’écoles bâties tout au long des vingt dernières années à travers le Royaume du Maroc. Regroupées sous le bel intitulé « Les Chemins du Savoir » cinq belles vidéos nous disent l’histoire d’une magnifique aventure, décrite, racontée, mise en forme et en valeur par Farida Benlyazid qui nous restitue, son projecteur à la main, la dimension réelle de ces constructions, de ce temps et cette quête : l’école rurale, l’architecture adéquate au milieu, l’exigence esthétique appropriée et le souci d’ancrage dans la tradition et l’environnement. On n’oubliera pas non plus ces recueils, filmés bien sûr, mis en vidéos aussi sur un thème qui relève de l’anthropologie et d’un voyage dans l’espace et dans le temps, décrivant pour nous un espace rural : Anergui, où la main de la réalisatrice nous conduit et nous mène dans le voyage ascendant à la découverte hallucinante des noces de ce village. Une lumière crue est jetée sur cet espace où la cinéaste narre par le menu un cérémonial qui est à la mémoire du Maroc ce le trait culturel est à une société toujours en renaissance. « Noces à Merzouga » se veut aussi un voyage d’exploration, démythificateur , coloré respirant la liberté des Berbères Aït Bouni que Farida Benlyazid a su célébrer à sa manière en nous conviant, sa main douce, dans le cours ancestral de cette tribu.

Dans la lignée des réalisations de Dounia productions, hommage aussi au précieux patrimoine national et mondial même, on citera ce travail minutieux réalisé avec ardeur de Dounia Benjelloun qui a reçu le Prix de la Caméra d’Or portant sur la « Restauration des Tombeaux saoudiens » , véritable introspection dans le temps et l’espace aussi, cette médina de Marrakech qui envoute nos mémoires et nous plonge dans la civilisation des Rois sâadiens, revisitée et réhabilitée grâce au travail de la Fondation Dr Leila Mezian avec le concours du Ministère de la Culture.

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