Industrie cinématographique : Mehdi Bensaïd en fait son affaire

Par Yassine Chraibi

Le Maroc, carrefour où se rencontrent et se fusionnent les cultures méditerranéennes, africaines et arabes, voit dans son industrie cinématographique le reflet et le catalyseur de ses dynamiques sociétales.

Dans une initiative audacieuse visant à raviver la flamme du septième art parmi la population, le Royaume envisage l’ouverture de 150 salles de cinéma à travers le territoire national. Ce projet ambitieux aspire à susciter un nouvel engouement pour le cinéma, une tradition culturelle qui, ces dernières années, a connu un certain désintérêt de la part de la société civile marocaine.

Pourtant, en 1919, débute le tournage du premier long métrage au Maroc, Mektoub de Joseph Pinchon et Daniel Quintin sur un scénario d’Edmond Doutté, qui fut d’ailleurs un célèbre orientaliste et islamologue. Le film fut tourné sur 3 villes marocaines Casablanca, Tanger, Marrakech. 1919, est une date charnière puisque c’est le premier long métrage tourné au Maroc d’autant plus que le film Mektoub deviendra un genre cinématographique du film colonial. La période 1919 à 1957 fut prolifique en termes de productions cinématographiques comptant 50 longs métrages. Ensuite ces longs métrages retracent le paysage marocain, comme celui du bled désertique, un espace splendide regroupant des kasbahs figés dans le temps, intemporels.

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Dans ce sens, le ministre de la Culture, Mehdi Bensaid, a relevé cette problématique nationale où il a noté un recul de l’industrie cinématographique marocain ces dernières années, c’est pour cela qu’il sera l’instigateur d’un élan national de refonte du cinéma marocain par le lancement de plusieurs projets de grande ampleur.

C’est dans cette optique que le Maroc lance un projet faramineux d’investissement dans le secteur cinématographique avec pour projet L’ouverture de 150 salles dans les douze régions du Royaume. Cette initiative nationale a pour finalité de combler la carence en offre cinématographique nationale et promouvoir les œuvres cinématographiques marocaines. Ce projet ambitieux permettra de rendre accessible le cinéma à tous les Marocains quels que soient leur lieu de résidence ou leur statut socio-économique, on parle dans ce cas-là de « droits culturels ». Ce projet ambitieux s’inscrit dans une dynamique de continuité des efforts déployés par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI pour promouvoir le développement social et renforcer les droits culturels au Maroc. Cela se matérialisera par la création d’un écosystème culturel dynamique, favorisant la créativité et l’expression artistique à travers le pays. De fait, le Ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, souligne la nécessité d’une synergie entre les différentes parties prenantes telles que les associations culturelles et les ciné-clubs pour la réussite de ce projet.

De même, la jeunesse est au centre de cette initiative nationale avec le lancement du programme « Passeport Jeunesse », offrant des prix attractifs pour créer un engouement auprès des jeunes pour le cinéma. C’est donc une nouvelle ère pour l’industrie cinématographique marocaine. Cette initiative contribuera à renforcer l’identité culturelle du pays, à stimuler l’économie locale en créant de nouvelles opportunités pour les acteurs du cinéma et en dernier lieu attirer un afflux massif de visiteurs dans les villes où les salles sont ouvertes.

Dans cette perspective, le ministre indique l’importance de créer un équilibre entre les aspects qualitatifs et quantitatifs dans la production cinématographique et assurer la viabilité du cinéma marocain. En conséquence, Mehdi Bensaid encourage les professionnels du secteur à « s’engager dans cette dynamique à travers la production de films et de documentaires relatant l’histoire du Maroc, de ses rois et de ses héros ». Afin d’encourager les Marocains à aller au cinéma, le ministre a d’ailleurs fixé les prix des tickets de cinéma à 15 dirhams pour les jeunes et 20 dirhams pour les adultes.

Selon les prévisions officielles, l’ouverture des salles de cinéma permettra de porter le nombre annuel d’entrées à 4 millions, au lieu des 2 millions réalisées actuellement par les complexes et les salles de cinéma privées. Cela permettra d’avoir un nombre croissant de cinéphiles au sein de la société marocaine. Économiquement, le projet d’ouverture des 150 salles devrait créer près de 500 emplois directs auxquels s’ajoutent 1.000 emplois indirects, pour un chiffre d’affaires annuel valant 300 millions de dirhams. Pour cela, il faudrait une hybridation d’investissement privé et public pour accentuer le phénomène et le rendre soutenable dans la durée. En définitive, les industries créatives représentent un catalyseur puissant de l’expression culturelle, de l’innovation, de l’emploi et de la croissance économique au sein de la société marocaine et incarnent l’identité marocaine, sa diversité ainsi que son potentiel global. Selon Hicham El Habti, président de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) « Nous sommes à un moment charnière de l’histoire de l’Afrique, où les industries culturelles et créatives peuvent être un moteur de transformation et d’innovation ». Ces propos illustrent le rôle prépondérant de l’industrie cinématographique au sein de la société marocaine comme élément disruptif et comme catalyseur pour une transformation positive de la société marocaine dans la durée.

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