Israël-Maroc : Benkirane et Nabila Mounib, deux pour une controverse

Dans une déclaration faite le jeudi, Abdelilah Benkirane, leader du Parti de la Justice et du Développement (PJD), a réitéré son appel à rompre les relations entre le Maroc et Israël. Il a qualifié Israël d' »horrible entité criminelle » et a exprimé sa déception face au faible soutien apporté aux Palestiniens pendant le conflit entre Israël et le Hamas. D’un autre côté, l’égérie d’extrême-gauche, Nabila Mounib entre en scène et enfonce le clou et interpelle directement le ministère des Habous et Affaires Islamique. Les réponses n’ont pas tardé.

Abdelilah Benkirane et Nabila Mounib encore au rendez-vous, cette fois, les deux politiciens ont retrouver leur sensation avec un sujet tout aussi problématique mais sensible pour le Maroc, un sujet qui a fini de diviser l’opinion publique mondiale contre les gouvernements. Il s’agit de la guerre entre Israël et le Hamas
Malgré une opposition farouche à la politique israélienne dans les territoires occupées, le PJD s’était toujours gardé d’évoquer de manière tranchée la normalisation entre le Maroc et Israël. Désormais, c’est chose faite, Benkirane appelle la fin de la normalisation, c’est terme politique claire, une rupture diplomatique entre Rabat et Tel Aviv.

Ces déclarations ont suscité des débats au sein de la politique étrangère du Maroc

La déclaration de Benkirane a été faite lors d’une conférence de presse consacrée au budget de l’État pour 2024. Ce n’est pas la première fois que le PJD tente de s’immiscer dans la politique étrangère marocaine. Auparavant, le parti avait appelé à l’expulsion du chef du bureau de liaison israélien à Rabat et à une nouvelle Marche Verte pour mettre fin à l’agression israélienne.

Cependant, ces revendications vont à l’encontre de la déclaration tripartite signée en décembre 2020 par le Maroc, Israël et les États-Unis, qui a établi la normalisation des relations et reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara. À l’époque, Benkirane avait soutenu cette déclaration et affirmé qu’il était aux côtés du roi. Le cabinet royal a condamné l’ingérence du PJD dans la politique étrangère, estimant qu’elle créait un « précédent dangereux et inacceptable ». Il a également souligné que la normalisation avec Israël s’était faite dans un contexte que chacun connaît et que le processus de paix avec les Palestiniens n’était pas abandonné.

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Dans ces diatribes contre certaines décisions de l’Etat, Benkirane oublie l’histoire et tant que secrétaire général du PJD, c’est sous le magistère de son prédécesseur et coreligionnaire en tant que chef de gouvernement, Saad Eddine Elotmani pour le citer, que le Maroc avait signé les accords d’Abraham. A l’époque sa virulence verbale avait été moins audible.

Ce débat houleux sur la normalisation des relations avec Israël ne se limite pas aux politiciens. La société marocaine est également divisée sur cette question délicate. Certains défendent fermement la position de Benkirane et considèrent Israël comme une entité criminelle, soulignant les actions perçues comme agressives et injustes envers les Palestiniens. D’autres soutiennent la normalisation des relations avec Israël, arguant que cela peut apporter des avantages économiques et politiques au Maroc, notamment la question du Sahara.

Dans la même controverse, la députée d’extrême-gauche Nabila Mounib, membre du Parti Socialiste Unifié (PSU), a apporté la polémique au parlement en interpellant le ministère des Habous et Affaires Islamiques. Elle remettait en question pourquoi un Marocain de confession juive gérait quatre waqfs à Rabat et Salé. Elle reprochait notamment ses liens familiaux avec le député israélien Aryeh Deri, membre du parti orthodoxe Shas, originaire de Meknès et également marocain.

En réponse à cela, le ministre des Habous a souligné que la famille marocaine juive en question gérait les waqfs depuis plus d’un siècle, depuis le règne du Sultan Moulay Youssef. Il a ajouté que le seul cas qui justifierait une éviction serait une décision administrative à son encontre, soulignant qu’être juif ne devrait pas être une raison pour le démettre de ses fonctions.

Le député du Mouvement Populaire, Abdenbi Aidouni, a également répondu à l’activisme de la députée d’extrême-gauche Nabila Mounib, critiquant sa remise en question de l’accord tripartite entre le Maroc, les États-Unis et Israël. Il a souligné que « Taza passait avant Gaza » et lui a rappelé que ce sont les Juifs qui ont porté l’étendard du monothéisme pendant plus de 5 000 ans. Il a ajouté que de tels débats relevaient de batailles idéologiques propres au Moyen-Orient.

La controverse sur la normalisation des relations avec Israël se poursuit et met en lumière les divisions de points de vue au sein de la société. Alors que certains soutiennent la position de Benkirane et appellent à une rupture des liens avec Israël, d’autres soulignent les avantages économiques et politiques potentiels de cette normalisation. Une realpolitik.

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