La France se tourne vers l’irrigation avec des eaux usées traitées, une solution d’avenir

L’agriculture durable vient de franchir un cap en France. Le 28 décembre, un arrêté publié au Journal officiel a autorisé l’irrigation des cultures agricoles avec des eaux usées traitées dans des stations d’épuration. Cette pratique, déjà répandue dans d’autres pays, offre une alternative écologique et économique face au changement climatique.

Jusqu’à présent, la France ne réutilisait que très peu ses eaux usées domestiques et industrielles. Selon le Centre d’études français sur l’environnement Cerema, le taux de réutilisation était inférieur à 1 % en 2020, loin derrière des pays comme Israël, l’Espagne ou l’Australie, qui dépassent les 80 %, principalement pour l’irrigation des cultures.

L’arrêté du 28 décembre vient combler ce retard en fixant des règles claires pour le traitement, le stockage, la distribution et le contrôle des eaux usées traitées destinées à l’irrigation. Il précise également les normes de qualité sanitaire que ces eaux doivent respecter, en fonction des types de cultures. Il s’agit du deuxième texte réglementaire sur le sujet, après celui du 14 décembre, qui encadre l’arrosage des espaces verts. Un troisième texte est attendu pour le secteur agroalimentaire, qui souhaite recycler l’eau traitée dans les stations d’épuration des usines.

Ces arrêtés s’inscrivent dans le plan d’eau lancé par le gouvernement français en mars, qui vise à lever en 2023 « les freins réglementaires à la valorisation des eaux non conventionnelles », afin de favoriser une gestion plus rationnelle des ressources hydriques.

Une pratique bénéfique pour l’agriculture et l’environnement

L’irrigation avec des eaux usées traitées présente de nombreux avantages pour l’agriculture et l’environnement. Elle permet de réduire la consommation d’eau potable, de préserver les ressources en eau souterraine, de limiter les rejets d’eaux usées dans les milieux naturels, et de fournir des nutriments aux plantes.

Cette pratique est particulièrement adaptée au contexte du changement climatique, qui accentue les risques de sécheresse et de pénurie d’eau. En 2022, la France a connu une année de sécheresse exceptionnelle, qui a entraîné des restrictions d’eau dans de nombreux départements. L’irrigation avec des eaux usées traitées pourrait contribuer à assurer la sécurité alimentaire du pays, tout en réduisant son empreinte écologique.

La France n’est pas la première à adopter cette pratique. Des pionniers existent depuis les années 1990 en Auvergne, où des producteurs de maïs semence et de betteraves ont mis en place l’un des premiers projets. Un rapport français publié en octobre met en avant le rôle précurseur de la Jordanie dans le domaine dès la fin des années 1970, suivi par d’autres pays arabes. D’autres exemples notables incluent Doha au Qatar et l’Italie, qui utilisent des eaux traitées pour l’irrigation de cultures maraîchères dans la région de Milan.

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