Le gouvernement algérien s’attaque à la presse en ligne

La répression des médias en Algérie a commencé avec l’annonce de la candidature de Bouteflika à la présidentielle. Les sites d’information sont les plus visés. Deux journalistes « d’Algérie part » comparaissent ce jeudi. « En Algérie, le gouvernement s’attaque à la presse en ligne » titre le journal français Libération, dans un article.

Les deux journalistes algériens en détention provisoire, depuis une quinzaine de jours, comparaissent, ce jeudi 8 novembre, devant le Procureur de la République d’Alger. Ils sont poursuivis, comme une poignée de leurs confrères, pour « diffamation et atteinte à la vie privée ». Le rédacteur en chef d’Algérie part, Abdou Semmar et son collaborateur, Merouane Boudiab, ont été arrêtés dans les jours entourant l’annonce de la candidature présidentielle. L’animateur du web radio Sarbacane à Constantine, Abdelkrim Zeghileche, qui est aussi coordinateur régional du mouvement Mouwatana a, de son côté, été arrêté le 31 octobre pour la troisième fois en deux mois.

Une situation qui fait écho, montrant la même nervosité du pouvoir algérien, à celle du quatrième mandat du président Bouteflika lors des élections de 2014. La même démarche sécuritaire est reproduite : « La presse électronique est dans le viseur cette fois ! » affirme Meziane Abane, président de l’observatoire nord-africain pour la liberté de la presse. Ce dernier s’insurge en expliquant que « le délit de presse est normalement dépénalisé. Alors pourquoi poursuivre au pénal ? ».

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Une influence grandissante des réseaux sociaux par lesquels les articles de presse sont repris, publiés, commentés et partagés inquiète le pouvoir algérien. Une influence qu’il préfère maintenir dans « un brouillard juridique », selon, un rapport de Reporters sans frontières qui date de 2016.

«Depuis la loi de 2014 contre les activistes sur les réseaux sociaux, certains sont condamnés même pour un post sur Facebook. Un jeune de Tizi Ouzou […] a purgé une peine d’un an de prison […] pour un commentaire sur un article», raconte Meziane Abane. «Notre première revendication est la reconnaissance du statut d’entreprise de presse pour les médias électroniques et de journalistes pour leurs rédacteurs, alors qu’ils sont considérés comme blogueurs et poursuivis comme tels par la justice», affirme de son côté Saïd Boudour qui est fondateur du site Journalistes citoyens algériens, il est aussi l’un des membres du Syndicat d’éditeurs de presse électronique (SAEPE). Cette même association n’a pas pu s’enregistrer officiellement, ni tenir son assemblée générale constitutive – condition nécessaire de son enregistrement – pour cause de menace du propriétaire des lieux où la réunion était convoquée.

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Quant à la majorité des autres journalistes algériens, «ils n’osent se manifester par peur des menaces du pouvoir et expriment leur solidarité – en privé seulement – pour leurs confrères arrêtés», signale Saïd Boudour.

Néanmoins, les médias algériens sont loin d’être tous solidaires avec leurs confrères emprisonnés : cette incarcération des deux journalistes viendrait même directement d’une plainte du PDG du groupe de médias Ennahar.

Abdellah Chbani

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