Le Maroc entre espoir et incertitude sur le marché mondial du blé

Le Maroc fait face à une situation difficile sur le plan agricole. La sécheresse a affecté la production de céréales, qui devrait atteindre 55 millions de quintaux pour la campagne 2022/2023, soit bien moins que les 103,2 millions de quintaux de la campagne 2020/2011. Par ailleurs, le conflit entre la Russie et l’Ukraine, deux grands exportateurs de blé, a créé des incertitudes sur le marché mondial.

Pour assurer sa sécurité et sa souveraineté alimentaires, le royaume a mis en œuvre des mesures visant à faciliter et à encourager l’importation de blé. Selon la Fédération nationale des commerçants en céréales et légumineuses (FNCL), les importations de blé tendre ont augmenté de 55% par rapport à la campagne précédente, atteignant 5,18 millions de tonnes entre le 1er juin 2022 et le 31 mai 2023.

La France reste le principal fournisseur du Maroc, avec plus d’un million de tonnes livrées au premier semestre 2023, suivie par l’Allemagne et la Pologne. Le port de Casablanca a reçu plus de la moitié du fret, devant Jorf Lasfar, Agadir, Nador, Safi et Tanger Med.

Le gouvernement a accordé des primes aux importateurs de blé en provenance de Russie, d’Ukraine, de France, d’Allemagne, d’Argentine et des États-Unis, afin de compenser la différence entre le prix du blé sur le marché international et le prix de référence fixé à 270 dirhams par quintal. Ces mesures devraient permettre d’augmenter les importations de 2,5 millions de tonnes entre le 1er juillet et le 30 septembre 2023. L’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) est chargé de contrôler le respect de ces dispositifs.

Le ministre de l’Agriculture, Mohammed Sadiki, a déclaré lors d’une conférence de presse à Casablanca le 14 juillet que ces mesures visaient à garantir l’approvisionnement du pays en blé et à stabiliser les prix sur le marché intérieur. Il a également souligné les efforts du gouvernement pour soutenir les agriculteurs et développer l’irrigation afin d’améliorer la productivité agricole.

Le Maroc espère une baisse des prix du blé sur le marché mondial

Le gouvernement a mis en place un système de primes forfaitaires pour soutenir les importateurs de blé face à la flambée des prix sur le marché mondial, causée par la sécheresse et la demande croissante. Ce dispositif, qui devait prendre fin le 31 mai 2023, a été prolongé jusqu’au 30 juin 2023, selon un communiqué du ministère de l’Agriculture.

Selon la FNCL, les primes forfaitaires ont permis de réduire le coût d’importation du blé tendre et du blé dur, deux produits essentiels pour la consommation des ménages marocains. Fin mai 2023, le montant total des primes versées s’élevait à plus de 4,3 milliards de dirhams, soit une moyenne de 102,51 dirhams par quintal

« Les primes forfaitaires ont permis de stabiliser les prix du blé sur le marché local et de garantir l’approvisionnement du pays en quantité et en qualité », affirme Abdelilah Tahani, président de la FNCL. Il précise que les primes sont passées de 258,49 dirhams par quintal en juin 2022 à 53,53 dirhams par quintal en mai 2023, reflétant la baisse progressive des prix internationaux.

Le gouvernement espère que cette tendance se poursuivra et que les prix retrouveront leur niveau normal d’ici à la fin du mois de juin. Il estime que les stocks de blé disponibles au Maroc seront suffisants jusqu’au 30 septembre 2023 et qu’il ne sera pas nécessaire de prolonger le système de primes au-delà du 30 juin.

Toutefois, cette prévision pourrait être remise en cause par les derniers développements sur le marché mondial du blé. En effet, l’Ukraine, l’un des principaux exportateurs de blé, a annoncé qu’elle mettait fin à ses exportations vers la Russie, suite à l’expiration de l’accord bilatéral sur le blé signé en 2019. Cette décision pourrait entraîner une hausse des prix du blé sur le marché mondial, en raison de la réduction de l’offre disponible.

« La fin des exportations de blé de l’Ukraine vers la Russie est un facteur de risque pour le marché mondial. Cela pourrait créer un déséquilibre entre l’offre et la demande et provoquer une nouvelle flambée des prix », explique Mohamed El Ouafi, expert en économie agricole. Il ajoute que le Maroc devra être attentif à l’évolution de la situation et adapter sa stratégie en conséquence.

Le calcul du gouvernement risque ainsi de ne pas être payant si les prix du blé ne baissent pas comme prévu. Le pays devra alors faire face à un dilemme : maintenir le système de primes forfaitaires pour soutenir les importateurs et les consommateurs, au risque d’alourdir le déficit budgétaire, ou abandonner ce dispositif et laisser les prix du blé augmenter sur le marché local, au risque de provoquer une grogne sociale.

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