Le Maroc face à la faiblesse de l’amont textile

Le secteur textile marocain a réalisé des progrès remarquables ces dernières années. Malheureusement, la mondialisation et les accords de libre-échange ont déséquilibré tout l’écosystème de l’industrie textile. Ainsi, depuis plusieurs années, le pays fait face à des flux massifs d’importations venant essentiellement de Chine et de Turquie qui règnent en maîtres sur ce secteur. Au Maroc, en plus de ces facteurs, la défaillance de l’amont textile est également un problème majeur pour l’État et les professionnels.

L’amont textile nécessite des investissements lourds et les entrepreneurs marocains n’ont pas la capacité d’investir à ce niveau. Mais la nouvelle Charte de l’investissement fait renaitre de l’espoir auprès des professionnels du secteur. Selon l’Amith (Association marocaine des industries du textile et de l’habillement), l’amont textile est un maillon faible de l’industrie textile marocaine, mais on le retrouve dans la récente mise en place de la nouvelle Charte de l’investissement. L’amont textile existait dans les années 80 au Maroc, mais il a disparu faute de compétitivité due aux accords de libre-échange, notamment avec les 54 accords que le Royaume a signés avec d’autres pays.

Toutefois, les difficultés que vit le secteur ont été prises en compte dans la nouvelle Charte de l’investissement, car la création du non textile nécessite de lourds investissements, et les opérateurs marocains n’ont parfois pas la capacité d’investir à cette hauteur. En effet, l’investissement massif des pouvoirs publics est souvent nécessaire pour le développement de l’amont textile dans un pays. Les coûts en capital, en énergie et en foncier sont souvent très élevés, ce qui peut dissuader les investisseurs privés. De plus, le taux d’utilisation des capacités est une variable importante pour la compétitivité d’un pays dans le secteur textile. Si un pays n’utilise ses capacités qu’à 60-65%, il aura du mal à rivaliser avec ceux qui tournent à plein régime. Néanmoins, malgré ces défis, il est reconnu que l’avantage de posséder un amont national est bénéfique pour l’ensemble de l’écosystème textile, et cela peut motiver les pouvoirs publics à soutenir et développer ce secteur.

Lire aussi : Le secteur du textile se modernise

Le coup de pouce de la nouvelle Charte de l’investissement

Concernant la Charte de l’investissement, l’Amith a inclus dans sa stratégie des partenariats avec d’autres pays comme le Portugal, récemment avec l’Allemagne et bientôt avec l’Italie et le Royaume-Uni qui est dans la ligne de mire. Le but est de les inciter à venir investir au Maroc. Pour encourager ces investissements, le coût de l’énergie au Maroc n’a pas beaucoup évolué comme en Europe. Les éco-parcs en construction seront un atout considérable pour le développement de l’industrie textile. Récemment, le Maroc a signé un accord avec un groupe espagnol visant à investir 695 millions de dirhams et à créer environ 5.000 emplois. Ce projet, qui sera installé à Tanger et sera opérationnel dans le recyclage, le traitement et la gestion des déchets, est motivé par l’optique de la pérennité de la circularité.

L’amont textile est faible en raison du coût élevé des investissements nécessaires, que les entrepreneurs marocains ne peuvent pas supporter seuls. Selon l’Amith, beaucoup de facteurs jouent à la défaveur du Maroc, dont certains accords de libre-échange et les règles d’origine, rendant l’amont textile défaillant. Pourtant, jusqu’à récemment, l’amont était fort au Maroc jusqu’au démantèlement de l’accord multiplié. À cette époque où l’amont n’était plus compétitif et l’industrie était très forte, l’industrie textile marocaine a démontré sa résilience en se convertissant très vite au modèle de la fast fashion qui montait en puissance. C’est ainsi que le Maroc a switché vers ce modèle pour accélérer sa croissance.

Le Maroc réalise 40 milliards de dirhams à l’export, dont la valeur ajoutée est de 17%. En intégrant l’amont textile, le potentiel économique pourrait facilement se multiplier par quatre ou cinq.

Encadré :

Les recommandations de la SFI

L’étude thématique de la Société financière internationale (SFI) sur la circularité dans l’industrie textile marocaine suggère que pour assurer une véritable économie circulaire, le Maroc doit revoir toute la chaîne de valeur du textile, de la conception à l’approvisionnement en passant par la commercialisation, en tenant compte des déchets générés à ces différentes étapes. En se conformant aux nouvelles exigences de l’UE en matière d’économie circulaire et de durabilité, le Maroc peut obtenir des résultats positifs, notamment une augmentation des exportations vers le bloc des 27, des parts de marché plus importantes et la capacité de se positionner pour un meilleur accès au marché américain. Les mesures nécessitent des efforts importants, mais la SFI estime que le Royaume est bien placé pour réussir la mise en œuvre de l’économie circulaire dans l’industrie textile. Les actions cruciales que le Maroc doit entreprendre pour atteindre cet objectif incluent la promotion de la valorisation des déchets post-industriels et de la pré-consommation, la mise en place d’une collecte et d’un recyclage modernes des installations, la construction localement d’une industrie moderne et durable, et la transition vers un modèle de production où une plus grande quantité de matières sont sourcées localement.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page