Mariage des mineures : Un fléau sans fin

33.686 est le nombre de demandes déposées auprès des tribunaux, au titre de l’année 2018, concernant des mariages de mineurs, selon le Procureur général du Roi près de la Cour de Cassation Mohammed Abdennabaoui. Pour l’ADFM, ce chiffre traduit une réalité sociale « inquiétante ».

Un peu plus de 15 ans après l’adoption de la nouvelle Moudawana, le mariage précoce continue de sévir dans la société marocaine, malgré les efforts déployés par l’Etat pour réduire ce fléau.

33.686 est le nombre de demandes déposées auprès des tribunaux au titre de l’année 2018, concernant des mariages de mineures, dont 18.422 ont été approuvées. Chiffre annoncé par le président du ministère public, Mohammed Abdennabaoui, qui intervenait, ce mardi, à Marrakech, à l’occasion d’un colloque sur ce sujet.

Organisée par la présidence du ministère public en coopération avec l’UNICEF, cette conférence internationale met le focus sur les problématiques qui entravent la lutte contre ce phénomène ; et annonce l’élaboration d’une étude liée aux différents stratèges et moyens, utilisés pour contourner la loi, en vue de légaliser le mariage précoce ou d’en faire une réalité contraignante pour toute décision judiciaire.

Bien qu’il soit interdit par la loi, le mariage des mineurs est en effet soumis à des dérogations. L’article 20 établit que le juge de la famille, chargé du mariage, peut autoriser l’union du garçon et de la fille « avant l’âge de la capacité matrimoniale prévu par décision motivée précisant l’intérêt et les motifs justifiant ce mariage », sans pour autant préciser d’âge minimal. De même « le mariage du mineur n’est subordonné qu’à l’approbation de son représentant légal », ajoute l’article 21.

Interrogée sur la situation des mariages précoces au Maroc, Attifa Tamjeddine vice-présidente de l’Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM), affiche son « inquiétude » et met en garde contre la persistance de ce phénomène. « Ce chiffre traduit une situation de précarité sociale, mettant la fille dans un état de vulnérabilité et de faiblesse sociale et psychologique » rétorque-t-elle.

Elle poursuit « La place d’une mineure est naturellement aux bancs de l’école et nulle part ailleurs. C’est pour cette raison que nous revendiquons, plus que jamais, la suppression des articles 20 et 21 de la Moudawana ».

Selon la même source, « Ce qui nous a interpellés le plus c’est le nombre de demandes de mariage des mineures qui ont été approuvées. Pour nous, toutes ces demandes devraient être rejetées. Le juge a le devoir de primer l’intérêt général de l’enfant ».  

Rappelons qu’en septembre dernier, le Conseil Economique, social et Environnemental (CESE) avait émis une note sur cette problématique. Dans son document, le Conseil indique que « La pratique du mariage des enfants, encore largement répandue dans notre pays, demeure une véritable entrave au développement et engendre de graves conséquences sur la santé mentale et physique des enfants, en limitant leurs chances de s’autonomiser économiquement et culturellement ». 

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