De quoi sera la visite de la ministre allemande de l’Intérieur au Maroc ?

La ministre de l’Intérieur allemande, Nancy Faeser, et l’envoyé spécial allemand sur la migration, Joachim Stamp, sont attendus au Maroc ce lundi et mardi. Dans le cadre de leur visite, les deux autorités allemandes auront des discussions directes avec le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit. Cette visite conjointe intervient à un moment où le nombre de migrants irréguliers atteint des niveaux élevés en Allemagne, mettant ainsi une pression croissante sur le gouvernement d’Olaf Scholz, qui est confronté à des pressions de la part des partis de droite allemands et cherche à trouver une solution à la problématique migratoire.

En Allemagne, l’afflux de migrants risque de porter un coup politique au gouvernement de Scholz, qui est déjà sous pression de la droite allemande, mais surtout des municipalités qui se disent de plus en plus dépassées par l’afflux de migrants clandestins et la prise en charge qui en découle. Les récentes élections et les sondages politiques actuels montrent clairement que la population attend des mesures de la part des partis au pouvoir pour réduire le nombre de migrants. Le gouvernement fédéral, en plus d’étendre les contrôles aux frontières, entreprend des modifications législatives visant à faciliter les expulsions ou le renvoi des réfugiés et demandeurs d’asile.

Selon les spécialistes allemands de la question, même la modification législative la plus exhaustive ne pourra pas avoir d’effet si les pays d’origine ou de transit refusent de reprendre les réfugiés et demandeurs d’asile déboutés. C’est pourquoi le gouvernement fédéral a nommé Joachim Stamp en tant qu’émissaire spécial chargé de négocier des accords avec les pays considérés comme émetteurs ou de transit. Le Maroc, quant à lui, est classé par l’Union européenne comme pays de transit, car de nombreux migrants issus de l’Afrique subsaharienne transitent par le Maroc avant de poursuivre leur chemin vers l’Europe via la Turquie ou l’Italie.

Afin de freiner cette vague migratoire, Stamp est chargé de conclure des accords de rapatriement principalement avec les pays du Maghreb. Berlin considère en effet que ces pays détiennent la clé de la solution migratoire et estime que si on les pousse à accepter les retours, on se rapprochera d’une solution. Cependant, seul un nombre très limité de migrants irréguliers et de demandeurs d’asile proviennent du Maroc. Par exemple, jusqu’au 31 décembre 2022, plus de trois millions de personnes sont arrivées en Allemagne, dont plus d’un million de réfugiés ukrainiens. Avant la guerre en Syrie, plus de 674 000 personnes ont fui, mais elles ne sont pas considérées comme des réfugiées et doivent demander l’asile, contrairement aux personnes en provenance d’Ukraine. Les pays d’origine les plus importants sont l’Afghanistan (286 000), l’Irak (210 000) et la Turquie (100 000). Seulement 6 625 personnes sont venues du Maroc jusqu’à la fin de l’année 2022.

Dans ce contexte, les pays de l’Union européenne se plaignent du fait que le Maroc n’accepte les retours que lorsque l’identité des personnes est clairement établie, bien que la proportion de Marocains arrivant irrégulièrement en Allemagne soit faible. Ainsi, le Royaume, ainsi que la Tunisie et la Libye, occupent une place prépondérante dans le débat en raison de leur situation géographique en tant que pays de transit pour les réfugiés et les migrants irréguliers. Ces dernières années, la France a officiellement restreint la délivrance de visas aux Marocains, et l’Allemagne ainsi que d’autres pays européens ont secrètement entravé ces procédures de prise de rendez-vous afin de faire pression sur le Maroc.

Quelles sont les demandes de Berlin à Rabat ?

Les intentions des autorités allemandes lors de leur visite au Maroc sont claires : elles souhaitent que Rabat accepte de reprendre ses ressortissants, ce qui est compréhensible, mais également servir de « hot spot », c’est-à-dire devenir un réceptacle pour les autres migrants de différentes nationalités expulsés d’Allemagne. La raison de cette demande est que le Maroc accueille un grand nombre de migrants en provenance de la zone sahélienne ou d’Afrique centrale.

Cela pousse l’Allemagne et de nombreux pays de l’Union européenne à souhaiter que le Royaume accepte des migrants ou des réfugiés, indépendamment de leur provenance réelle, ainsi que l’accueil de personnes sauvées en mer, similaire à l’accord conclu avec la Turquie sous la chancelière Merkel. Ces personnes pourraient déposer leur demande d’asile ou de migration dans des camps d’accueil au Maroc. De cette manière, l’Europe pourrait éviter les images terribles de camps surpeuplés en Italie ou en Grèce. La possibilité de voir de telles images dans les pays du Maghreb, comme le Maroc, ne semble pas être un problème majeur pour eux. Si nécessaire, on peut toujours prétendre que la responsabilité des conditions de vie incombe aux autorités locales.

Un autre objectif de l’Union européenne est de mettre en place des centres de qualification/formation en dehors de l’UE afin de pouvoir sélectionner des personnes en fonction des besoins et des intérêts, une sorte de cueillette de fruits pour renforcer la main-d’œuvre vieillissante du vieux continent et soutenir l’économie nationale en fonction des demandes des entreprises de l’Union européenne. Des centres de qualification/formation devraient également être créés en dehors de l’UE afin de pouvoir sélectionner des personnes en fonction de leurs besoins et de leurs intérêts, une sorte de cueillette de cerises pour renforcer l’économie nationale en fonction des demandes des entreprises de l’Union européenne.

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