Filière sucrière, menace sur l’approvisionnement national ?

Depuis quelques années, le Maroc fait face à une sécheresse endémique provoquant une pénurie d’eau sans précédent. Conséquence, l’agriculture est fortement impactée avec un recul de la superficie cultivée, et par prolongement un recul de la production locale de plantes sucrières. Face à cette conjoncture, le secteur sucrier se trouve pénalisé, ainsi, Fimasucre (Fédération interprofessionnelle marocain du sucre) fait front pour assurer l’approvisionnement des consommateurs marocains.

COSUMAR est le principal opérateur sucrier du Maroc, assurant la satisfaction des besoins en sucre de plus de 37 millions de consommateurs ainsi que l’approvisionnement des industries agroalimentaires. Présent dans cinq régions du Royaume,COSUMAR a dernièrement cédé l’intégralité de sa participation dans Durrah équivalent à 43,275% du capital social et des droits de vote de la société, au profit de Wilmar Sugar PTE LTD, pour un montant de 242,8 millions de rials saoudiens, soit 65 millions de dollars, contre une participation initiale d’environ 45 millions d’euros.

Face à une sécheresse latente pénalisant la filière sucrière, les autorités du Royaume ont mis en place au total 30.000 hectares de plantes sucrières dont 7000 hectares de cannes à sucre, ce, pour contrecarrer un risque de pénurie. Aujourd’hui, le stress hydrique cause une baisse de 560.000 tonnes de la production sucrière pour atteindre 200.000 tonnes de sucre blanc. La consommation globale est de 1,2 millions de tonnes. Les besoins en sucre sont alors satisfaits par la production locale et le raffinage du sucre brut importé.

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Dans ce contexte de baisse drastique de la production nationale en sucre, le groupe COSUMAR a-t-il atteint ses limites en tant que leader national dans le domaine de l’approvisionnement de sucre sur le marché local ?

Pour combler le déficit de la production nationale, le Maroc importe du sucre brut, qui est ensuite raffiné localement par le groupe COSUMAR, principal acteur de cette filière. En 2023, les importations ont concerné 1 million de tonnes de sucre brut. Malgré la sécheresse, la filière a fait preuve de résilience. Le secteur de l’agriculture fut fortement impacté par le stress hydrique, entraînant le pays dans sa sixième année consécutive de sécheresse, avec un déficit pluviométrique de 70% par rapport à la moyenne.

Mesures innovantes pour faire face à la sécheresse

Avec l’introduction du système de goutte-à-goutte permettant une gestion plus efficace de l’eau, induisant une réduction de 30% de sa consommation. Le projet baptisé Supplant a également marqué une avancée majeure, exploitant les nouvelles technologies pour équiper les parcelles en vue de rationnaliser l’irrigation et optimiser l’utilisation des ressources hydriques.

Le système du goutte-à-goutte est une approche innovante dont l’objectif est de réduire le besoin en eau des parcelles de 50%. Le groupe a investi ces dernières années une enveloppe globale de 10 milliards de dirhams pour moderniser ses opérations et réaliser des avancées majeures en matière d’innovation et de recherche et développement. Cette approche innovante a permis à COSUMAR de réduire considérablement son impact environnemental, avec une réduction de 90% de la consommation d’eau depuis 2005 et une baisse de la consommation d’énergie dans le processus de traitement de la betterave à sucre.

De même, l’empreinte carbone du sucre blanc fut fortement réduite de 46% entre 2016 et 2022, soulignant l’engagement de COSUMAR envers la durabilité et l’efficacité énergétique. Cette enveloppe a également servi à augmenter la capacité de production des 7 sucreries du groupe qui ont atteint 650.000 tonnes de sucre annuellement, en plus de l’augmentation de la capacité de traitement de la raffinerie qui a atteint 1,5 million de tonnes annuellement.

Pour souligner la résilience de la filière sucrière marocaine, nous allons donner quelques chiffres témoignant d’une industrie sucrière robuste et résiliente, notamment sa capacité de traitement globale de 5 millions de tonnes de plantes sucrières et une capacité de production de 2 millions de tonnes de sucre blanc pour un marché intérieur de 1,2 million de tonnes. Ces données chiffrées illustrent la capacité de cette filière à assurer la souveraineté  du Royaume de ce produit et soutenir l’économie locale.

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