Habitat social: Entre réformes et défaillances

Depuis des années, le Maroc a adopté une politique bien définie qui vise à garantir aux plus modestes un logement décent.  Le royaume a fait de la question de l’habitat social l’une des préoccupations du PLF-2023. Le projet de loi annonce à ce sujet quelques changements dans le traitement du logement social. Le gouvernement dans sa stratégie au-delà de la généralisation de la protection sociale, renforce ainsi sa décision a corrigé les inégalités sociales notamment dans le domaine social.

Le social est au cœur du développement humain et durable, la question du logement revêt une importance socio-économique stratégique. Pour cette raison, le gouvernement s’est résolu à réformer le dispositif d’aide publique au logement social.

La réforme se dessine à travers le remplacement des incitations fiscales et exonérations par un soutien direct pour l’accès à la propriété. Le but étant d’assister et d’accompagner les ménages pour l’acquisition des logements sociaux.

D’autre part, cette nouvelle approche, annoncée par la note de cadrage du PLF 23, constitue une continuité des projets lancés auparavant et qui se poursuivront jusqu’à 2026.

A cet égard, la ministre de l’Habitat et de la politique de la ville, Mme Fatima Ezzahra El Mansouri a rappelé, lors d’une réunion de haut niveau à New York, les divers programmes soutenus par l’Etat au cours des dernières décennies, à savoir “Villes sans bidonvilles”, engagées depuis 2004, ou encore le “programme conventionné de logement social”.

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Le programme plafonné à 250 000 dirhams est mis en place en 2010 pour promouvoir l’offre en logements sociaux afin d’améliorer le cadre de vie des citoyens tout en impliquant le secteur privé.

Dans ce sens, des chiffres qui témoignent de l’efficacité de la mise en œuvre du projet ont été divulgués dans le rapport national du nouvel agenda urbain 2016-2020.

Ces données indiquent que plus de 274 mille unités sociales ont été réalisées entre 2016 et 2020, contre plus de 704 mille logements ayant fait l’objet de conventions signées. Chose qui a impacté positivement l’investissement en immobilier et a permis le fléchissement du déficit en habitat.

Quant à la production cumulée des logements sociaux au cours de cette même période, elle s’élève à environ 85 mille logements dont environ 63 mille en partenariat avec le secteur privé.

Négligence des acquis des politiques antérieures

Ces données se montrent rassurantes et optimistes . Mais au-delà des chiffres, se cache une autre facette qui fait surgir des défaillances qui persistent.

A ce sujet, l’universitaire et président du Centre indépendant des analyses stratégiques, Driss Effina, met l’accent sur la nécessité d’évaluer en premier lieu la politique sociale mise en place pour soulever ses points forts ainsi que ses failles. Dans le cas échéant, « toute nouvelle réforme sera vaine .», avertit Driss Effina.

Dans une déclaration, à Hespress fr, il a souligné « l’existence de plusieurs dysfonctionnements liés à la mise en œuvre de la politique en question ».

Le président évoque d’abord le non respect des cahiers de charges par certains promoteurs qui délivrent des autorisations de construction dans des zones inappropriées.

« Il y a un cahier de charges qui doit être respecté par le promoteur. Mais malheureusement, il y en a certains qui ne le respectent pas et essaient de gagner sur tous les plans : fiscalité, équipements publics… » , fait-il constater.

D’autre part, Driss Effina appelle à la prise en considération des acquis de l’ancienne politique de logement soulignant que l’aide directe constitue un lourd fardeau pour le budget de l’Etat.

Parallèlement, la suppression des incitations fiscales représente, selon lui, une perturbation de l’écosystème marocain.

«Si le gouvernement décide de supprimer les incitations fiscales, on va se diriger vers les aides directes au logement. Et là, on risque de casser tout un écosystème qui a été construit au fil des années au Maroc depuis presque 20 ans et l’on risque d’avoir moins de logements sur le marché, c’est-à-dire que nous allons revenir à l’habitat anarchique. » a-t-il conclut.

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