Le secteur de l’immobilier en péril

Par Doha Khaoulani

Depuis 2018, le secteur immobilier est en proie à une crise persistante, exacerbée par les retombées de la pandémie de COVID-19, la situation en Ukraine, et d’autres facteurs. Malgré les initiatives du gouvernement, la convergence de problèmes tels que la baisse de la demande et les variations des prix a considérablement fragilisé les opérations immobilières.

L’immobilier, un secteur en péril si on pouvait décrire sa situation actuelle et qui a fini par affecter une dynamique jadis intéressante. En premier lieu, la crise sanitaire a induit des restrictions drastiques, entraînant des perturbations dans les activités économiques et fragilisant les assises financières des ménages et des entreprises. Cette fragilité financière a, par conséquent, eu un impact direct sur le pouvoir d’achat des citoyens, compromettant leur capacité à investir dans l’immobilier. Parallèlement, la guerre en Ukraine a contribué à la création d’un contexte économique mondial incertain, décourageant potentiellement les investisseurs étrangers de s’engager dans des projets immobiliers au Maroc.

Un autre aspect crucial de cette conjoncture est l’essoufflement de l’offre dédiée au logement social et à la classe moyenne. Les ressources limitées et les contraintes budgétaires, exacerbées par les crises successives, ont entravé la capacité du gouvernement marocain à maintenir un rythme soutenu dans la construction de logements abordables. Cette réalité a créé un déficit dans l’offre immobilière destinée à ces segments de la société, accentuant ainsi les difficultés d’accès à un logement décent pour de nombreuses familles. En conséquence, le secteur immobilier marocain se trouve confronté à des défis multiples, allant de la contraction de la demande due à la détérioration du pouvoir d’achat à la raréfaction de l’offre abordable, constituant ainsi une conjoncture complexe et exigeante pour les acteurs du domaine immobilier au Maroc.

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En 2023, le secteur immobilier coté en bourse affiche une variation négative de 24%, comparé aux 19,59% enregistrés par le marché au cours de l’année 2022. Malgré une évolution positive de 3,69% depuis le début de l’année, le secteur demeure confronté à diverses problématiques, telles que l’érosion du pouvoir d’achat, la hausse des prix des matériaux de construction et l’augmentation des taux d’intérêt, impactant à la fois les promoteurs et les acquéreurs.

Dans le cadre d’un nouveau programme, une aide financière directe à l’acquéreur est instaurée, offrant une assistance de 100 000 DH pour l’acquisition d’un logement d’un prix inférieur ou égal à 300 000 DH TTC, ainsi qu’une aide de 70 000 DH pour les logements dont le prix oscille entre 300 000 et 700 000 DH. L’objectif principal est de renforcer la capacité des citoyens à accéder à un logement décent tout en renouvelant l’approche d’aide à l’accès à la propriété.

Ce dispositif vise à faciliter l’accès au logement pour les classes sociales à faible revenu et la classe moyenne, réduire le déficit en logement et accélérer l’achèvement du programme « Villes sans bidonvilles ». Sur le plan économique, il est prévu que ce programme contribuera à accroître l’offre de logements, à redynamiser le secteur de l’habitat, et à stimuler le secteur privé, notamment les PME, favorisant ainsi la création d’emplois.

Par ailleurs, la sécheresse persistante depuis plusieurs années a eu des conséquences néfastes sur l’économie nationale, impactant la demande de consommation et d’investissement. L’inflation a également eu un effet dépressif sur le pouvoir d’achat des Marocains. Dans ce contexte, le programme de subventions annoncé pour l’habitat vise à atténuer ces effets négatifs et à soutenir le secteur immobilier.

En revanche, malgré les initiatives annoncées, le secteur immobilier suscite des réserves parmi les professionnels en raison du manque de visibilité, notamment en ce qui concerne l’effet du programme de subventions à l’habitat. La Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) s’est engagée à jouer un rôle majeur, affirmant que ses membres mettront tout en œuvre pour atteindre les objectifs fixés, par contre elle souligne la nécessité d’attendre l’entrée en vigueur de ces mesures avant de se prononcer définitivement. La FNPI insiste sur l’importance cruciale de la participation active de tous les acteurs du secteur immobilier et souligne la nécessité d’alléger les procédures administratives pour assurer le succès du nouveau schéma. De plus, elle exprime des inquiétudes quant à la lenteur des autorisations, par rapport à d’autres pays, et plaide pour la réduction des obstacles financiers, y compris les conditions restrictives des banques et la hausse des taux d’intérêt.

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