Un diagnostic alarmant des violences en milieu scolaire au Maroc

Le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a publié son dernier rapport thématique sur “la violence en milieu scolaire”. Ce document dresse un état des lieux détaillé des violences subies ou commises dans les établissements scolaires, en mesurant leur prévalence, en identifiant leurs formes et leurs manifestations, ainsi que les acteurs impliqués, qu’ils soient élèves ou personnel éducatif. Il souligne également l’importance d’un environnement scolaire sûr et sans violence pour garantir une éducation de qualité.

Le rapport s’appuie sur les résultats d’une enquête quantitative menée à la fin du premier trimestre de l’année scolaire 2021-2022, auprès de 260 établissements représentatifs à l’échelle nationale, avec la participation de 13.884 élèves représentant les trois cycles de l’enseignement (primaire, secondaire collégial et qualifiant), ainsi qu’une enquête qualitative menée dans 27 établissements.

Selon l’enquête sur la victimisation des élèves en milieu scolaire, plusieurs types de violences sont répandus dans les établissements scolaires, notamment les violences verbales et les moqueries qui touchent un tiers des élèves en primaire et 55,9% des élèves du secondaire, ainsi que les violences physiques et les bousculades. Les élèves de tout niveau font face à d’autres violences telles que le harcèlement sexuel, les cyberviolences et les violences d’appropriations (vol simples ou avec extorsion et détérioration d’objets personnels).
Les auteurs de ces violences varient selon les niveaux scolaires, indique l’étude. Au niveau du primaire, les garçons sont les principaux auteurs de ces violences, mais les enseignants peuvent également en être responsables. Au secondaire, les principaux auteurs de violences verbales et symboliques sont les élèves, suivis des enseignants, des intrus, des groupes de jeunes extérieurs à l’établissement, du personnel et, dans une moindre mesure, des parents.

Concernant les punitions, la pratique de la violence physique en milieu scolaire est toujours présente malgré son interdiction formelle. Les punitions verbales et symboliques telles que les brimades et les insultes sont les plus courantes au niveau primaire, suivies des punitions dites éducatives, comme la copie de lignes et la diminution des notes. Au niveau du secondaire, les avertissements et les messages envoyés aux parents sont les punitions les plus couramment utilisées, aux côtés d’autres sanctions éducatives, telles que les devoirs supplémentaires. Les châtiments corporels sont encore présents dans certains établissements, touchant plus souvent les garçons que les filles.

S’agissant du climat scolaire, le rapport indique qu’il est généralement perçu d’une manière positive en primaire, mais se dégrade au fil du temps, atteignant un niveau très bas au niveau du secondaire qualifiant, notamment à cause de la peur et de l’insécurité, en particulier dans les toilettes (35,1%), les environs de l’établissement (47,5%) et sur le chemin les menant à l’école (45%).
L’étude présente également des pistes de réflexion et des recommandations pour prévenir les violences en milieu scolaire qui ont un effet négatif sur le climat scolaire. Parmi ces pistes, il y a lieu de citer des politiques claires de lutte contre les violences en milieu scolaire, une collecte plus probante des données relatives à la violence, pour orienter plus efficacement ces politiques, et la lutte contre le châtiment corporel et la cyberviolence.

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