Casablanca face à une dynamique épidémique qui n’augure rien de bon !

L’épidémie n’a incontestablement pas baissé les bras et la vitesse de la propagation du virus continue d’augmenter à la veille de la saison hivernale au Maroc, notamment à Casablanca qui continue d’enregistre le plus grand nombre de cas Covid au Maroc. Que veulent dire ces chiffres ?

Hier, mardi 10 novembre, le Maroc a enregistré 5.214 cas positifs au coronavirus, alors que la région de Casablanca-Settat a elle seule enregistré 2.381 nouveaux cas. Le royaume atteint ainsi 730,2 infections cumulées pour 100.000 habitants, selon le bulletin quotidien de la situation épidémiologique. Quant au taux de reproduction de la Covid-19, il a atteint 1,22 au niveau national, selon le bilan bimensuel du ministère de la Santé. Un développement qui s’explique par l’augmentation significative du nombre des cas contaminés par la Covid-19 au niveau national. Le taux de létalité, lui, s’est établi à 1,7% et le nombre de personnes déclarées guéries a atteint 212.905, soit un taux de rémission de 81,9%. Le Maroc est actuellement 3e en Afrique et 36e au niveau mondial du point de vue du nombre des décès. Chose qui pourrait s’expliquer par le nombre de tests, qui classe le Royaume au 2e rang sur le plan continental et 34e au niveau international. Tels sont les derniers chiffres traduisant la situation épidémiologique du Maroc.

Faut-il s’inquiéter ? Pr Jaâfar Heikel a répondu à cette question sur le plateau de L’Info en Face, lundi 9 novembre, en réitérant son appel à « la prudence, la vigilance, la précaution, mais sans psychose » et en expliquant que les chiffres ne traduisent pas le début d’une deuxième vague, mais plutôt les différentes phases d’accélération du virus. Il a rappelé par l’occasion que depuis le déconfinement, « la dynamique épidémique a totalement changé, entraînant la multiplication de façon extrêmement importante des cas positifs avec un virus qui circule beaucoup plus vite ». Interrogé sur l’accélération subite du virus, le professeur explique que « les mesures barrières n’ont pas été respectées de façon optimale. Même les personnes qui étaient asymptomatiques ou avec peu de symptômes n’ont pas facilité la tâche aux autorités », malgré les efforts déployés en vue de bloquer ou freiner cette épidémie. Ce qui fait que « les gens asymptomatiques sont devenus des transmetteurs importants et ont transmis à d’autres personnes », explique-t-il. À en croire cette analyse, on comprend que le relâchement serait en partie derrière les chiffres de contamination qu’on enregistre aujourd’hui. Toutefois, c’est aujourd’hui une problématique désormais planétaire. « Il faut bien comprendre que dans toute dynamique épidémique, quand on impose à une population un certain nombre de règles, au bout d’un moment, il y a un certain lâcher prise qui commence à s’installer, ce qui donne lieu à une courbe de gauss », dit-il. Un autre phénomène qu’on observe partout dans le monde, notamment chez nous au Maroc, « au départ les cas positifs à la covid étaient pris en charge en 24/48h dès le départ de la maladie, aujourd’hui les patients arrivent entre le 8e et 10e jour après le premier symptôme », pour le Pr Heikel, cela veut dire aussi que « ces patients étaient des transmetteurs potentiels du virus et ont continué à le transmettre pendant toute cette période où ils n’étaient pas pris en charge ». Parmi les raisons derrière l’aggravation de la situation épidémiologique, il y a les clusters familiaux, qui représentent 80% des cas Covid au Maroc. Le reconfinement pourrait-il sauver la région ? « Je ne souhaite pas qu’on en arrive là, au-delà des conséquences socio-économiques, mais il y a aussi les conséquences sanitaires », déclare-t-il, en expliquant que 78% des décès au Maroc pendant cette année sont dus aux maladies non-transmissibles (diabète, cancer, maladie dégénérative, insuffisance rénale, etc.). Ce qui signifie plus de morts.

Par ailleurs, ce spécialiste rappelle que la bonne gestion de la prise en charge des malades représente un défi, notamment à Casablanca, où les lits de réanimation ont atteint la saturation depuis quelque temps. En revanche, il a insisté sur l’implication du privé pour aider les équipes médicales à gérer la pression, en appelant à établir un parcours de soins coordonné permettant au citoyen marocain de savoir où s’adresser.

Pour faire face à cette situation, une réunion de crise s’est tenue hier à Casablanca sur la situation épidémiologique entre le ministre de l’Intérieur, les autorités locales et les élus et un plan de redéploiement des médecins publics et privés a été mis en place pour ralentir la propagation de la pandémie dans la région. C’est ce que rapportent nos confrères du quotidien Assabah. Une réunion qui intervient dans contexte où la situation épidémiologique s’est dégradée fortement dans la région de Casablanca-Settat. Le nombre des cas confirmés et des décès n’a cessé d’augmenter depuis juin dernier, malgré toutes les mesures préventives et restrictives prises pour circonscrire la pandémie.

En outre, les spécialistes sont unanimes sur le fait que les prochains mois risquent d’être très durs, de l’aveu même de la directrice régionale de la Santé à Casablanca docteur Nabila Rmili, lors d’un webinaire tenu le dimanche 25 octobre. Chiffres à l’appui. Le docteur Tayeb Hamdi, chercheur en politiques et systèmes de santé et vice-président de la Fédération Nationale de la Santé (FNS), avait estimé dans un article destiné aux médias, que la mortalité à cause de la Covid pour les trois mois à venir novembre, décembre et janvier pourrait atteindre respectivement 1.800, 4.500 et 8.000 décès et autant en février. Les chiffres concernent chaque mois à part, et non un cumul. Avec la projection de terminer ce mois d’octobre à 3.500 décès, le total des décès au 31 janvier 2021 serait aux alentours de 18.000 vies perdues, si on laisse évoluer la situation telle qu’elle est actuellement.

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