Le bidonville « Comira » privé d’électricité

Par Doha Khaoulani

Depuis trois mois, les 212 familles du bidonville « Comira » à Casablanca endurent une coupure d’électricité imposée par la Lydec, ajoutant une épreuve supplémentaire à leur fragilité, au moment où l’hiver s’intensifie de manière plus soutenue.

Face à cette situation pressante, le conseil du quartier El Hassani, sous la direction du président Taher Al Yousfi, tient une série de réunions pour dénouer la crise. Cependant, une lueur d’espoir se dessine avec la perspective d’un accord entre Lydec et les résidents visant à régler les arriérés de factures accumulés depuis le début de la pandémie de Covid-19.

La résolution de cette crise se révèle complexe, malgré la proposition de la Lydec d’acquitter les deux derniers mois de factures d’électricité pour rétablir le service, une méfiance persiste et des contraintes financières persistent chez certains résidents, qui redoutent de ne pas être en mesure d’assumer ces charges. Face à cette situation, les autorités envisagent une mesure plus drastique : le relogement de l’ensemble des habitants dans le cadre de la politique « ville sans bidonvilles ».

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Cette situation difficile s’explique principalement par la hausse du taux d’inflation, les conséquences de la pandémie de Covid-19 ayant entraîné une dégration économique et sociale, se manifestant par une augmentation du taux de pauvreté. Cette année, pas moins de 3,2 millions de Marocains ont sombré dans la pauvreté, entraînant le royaume dans une régression de sept années de progrès, selon les données du Haut-Commissariat au Plan (HCP).

De manière plus spécifique, près de 45 % de cette détérioration de la pauvreté et de la vulnérabilité découle de l’impact de la pandémie, tandis que 55 % sont attribuables à l’effet de la hausse des prix à la consommation, comme le souligne la note. Il est précisé que cela équivaut à une perte de « près de sept années de progrès vers l’élimination de la pauvreté et de la vulnérabilité« . En conséquence, le Maroc se trouve cette année au niveau de la pauvreté et de la vulnérabilité enregistré en 2014.

Plus en détail, ces divers chocs externes auraient entraîné une diminution du niveau de vie par personne, en termes réels, de 7,2 % à l’échelle nationale entre 2019 et 2022, passant de 20 400 DH à 18 940 DH. En milieu urbain, cette diminution aurait été de 6,6 %, avec un revenu de 23 000 DH, et en milieu rural, elle aurait atteint 8,9 %, avec un revenu de 11 650 DH. Par conséquent, les dépenses alimentaires auraient enregistré un recul de 11 % à 6 640 DH par personne au niveau national en 2022, de 10,1 % à 7 380 DH en milieu urbain et de 12,9 % à 5 320 DH en milieu rural, conclut la même source.

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